Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Notes discordantes sur l'époque
9 février 2020

"Cocorico !" TA...TA...TA...TAM... N°549

 

                                                                        Cocorico ! …

 

            Seul contre tous les « néo-ruraux » qui, au lever du jour, pestaient lorsqu’il entonnait son chant guerrier, les coq français a triomphé. Voilà son fameux « cocorico » bientôt classé au rang des trésors patrimoniaux. La « rura-réalité », toute sa poésie : Les cloches sonnant mâtines, l’odeur délicate du fumier, les chamailleries de poulailler, le hennissement des chevaux, le braiment des ânes, le beuglement des vaches, le coin-coin des canards, la bouse de vache, etc.  tout cela va être protégé par une loi… Kot kot kodak ! … Tout ce la dans le même sac du « patrimoine sensoriel »…

            Suivez-moi ! … Revenons soixante ans en arrière… Nous voilà transportés dans une ville portuaire… Dans le quartier que mes parents, mon frère et moi habitons, on ne compte pas moins de trois fermes, celles des Macquinghem, des Codron  et  de « Pierre malheureux »… Notre maison est d’ailleurs une dépendance de la ferme Macquinghem, revendue par ces derniers à mes parents qui, au fil des années, retaperont  le « monument »… Une souris par-ci, dans la chambre, un rat par-là, dans le courette… Une pompe à eau au bout de la rue, sinon, c’est l’eau du robinet… À l’après-guerre comme à la guerre… Parfois, le camion, poétiquement appelé « Brin de muguet »  - c’était l’humour de l’époque – venait vider la fosse septique qualifiée de « fosse à purin ». C’est du Zola ? Oui, et alors ? C’était comme ça !… Sans le savoir à cette époque, nous nagions en plein « patrimoine » et prenions notre « bain » le samedi dans une bassine d’eau tiède…

            Le matin,  j’allais à la ferme pour acheter du lait encore tiède… C’était M. ou Mme Macquinghem ou l’une de leurs filles, Odile ou Monique, qui assurait le service. Me revient en tête ce petit air qu’on chantait en chœur : Quand petit Jésus va chercher du lait, il n’y va jamais sans son pot au lait… Quand il arrive chez la crémière, tout en faisant ses petites manières : - Avez-vous du lait ? … Voilà mon pot au lait… Ah, c’est vrai on n’a jamais vu aussi résolu que le petit Jésus…

           Le soir, c’est le défilé que mon frère et moi ne voudrions rater pour rien au monde : les vaches, qui ont passé leur journée à paître l’herbe grasse des champs, reviennent à la ferme. Elles descendent la rue en meuglant : « Meuh !… Meuh !… » Chez elles ça n’a pas changé : elle n’ont pas succombé à l’anglais… Nous nous postons derrière les fenêtres de la salle à manger, les appelant dans leur idiome, tapant des doigts sur la vitre. Joueuse, l’une ou l’autre vient lécher le « carreau » lavé le jour même par maman… D’autres y vont de leur crottin… Heureusement Pauline, notre amie et vieille voisine récupère le « magot », armée d’une pelle et d’un seau… Un bon engrais pour son jardin… Un jour, de la fenêtre de la chambre de mes parents, on a même vu un étalon invité à flirter avec une jument…  Censure ! … et on voudrait nous priver de toute cette poésie ? … Hé, les néo-ruraux ! … la ferme ! …

 

 

                                                                                               Hagnéré Jean-François ( 03/02/2020)

Publicité
Publicité
Commentaires
Notes discordantes sur l'époque
Publicité
Archives
Publicité