Onfray peut-il nous effrayer ? TA... TA... TA... TAM N° 6

Onfray peut-il nous effrayer ?

          A propos de Sade, vu par Michel Onfray à travers l’extrait dans Marianne – Contre Sade - de son livre Le canari  du Nazi », peut-on vraiment parler de révélation sur la personnalité de celui que l’on a surnommé Le divin Marquis ? Nombre de nos concitoyens connaissent au moins le bonhomme, comme ils connaissent Sader-Masoch, à travers le terme qui réunit ces deux pervers : sadomasochisme,  mot pour qui, pour celui qui ne vit pas dans la Caverne, n’est pas à proprement parler synonyme de « poésie ». Ont-ils besoin d’aller plus loin, d’en savoir plus ? Qui peut encore croire aujourd’hui que Donatien Alphonse François fut un ange ?    

          Sa lecture devient vite fastidieuse, fatigante avec ses emboîtements, ses échafaudages de corps suppliciés… Peut-être qu’au départ, et d’une lecture au second degré, pourra naître sur nos lèvres un furtif sourire, sans plus… Mais il est vrai que, dans certains cercles, des cérébraux peuvent  théoriser ses pratiques, le vénérer et même se vouloir ses disciples, le célébrer dans leur vie, dans leurs œuvres, sous le sérieux prétexte d’étudier les racines du Mal… Pour amateurs de descente aux enfers… Bataille fut de ceux-là, qui passa à l’acte. Pour être édifier, il suffit de piocher dans les pages 80 à 90 de la biographie de Dora Maar, une des compagnes de Picasso, signée par Alicia Dujvone Ortiz. Il y est question d’un groupe d’initiés aux pratiques étranges, l’Acéphale, à la fois revue et cercle… On retrouve, outre Dora, les noms de Colette, mais aussi, étonnamment,  de Simone Weil la philosophe ;  Laure de Noailles, descendante de Sade est dans les parages, Leiris, Masson, Lacan sont des voyeurs à l’occasion pratiquants… « Edi-fiente » lecture ! de son côté, Jacques Chessex, dans son dernier livre, Le dernier crâne de Sade, écrit avant sa mort, nous livre une idée des pratiques solitaires ou des « soins » particuliers à lui prodigués par une adolescente, alors qu’il est enfermé à l’asile de  Charenton, prisonnier de fantasmes qu’il mettait encore en pratique entre ces murs. Avec l’appel d’air que constitue l’article «  Contre Sade », le livre de M. Onfray devrait trouver preneurs et peut-être même que Sade gagnera de nouveaux lecteurs, même si, ces jours-ci, ces derniers préfèrent surtout les nuances… de Grey, qui semble, en comparaison, sortir de la Bibliothèque rose…

                                                                           Hagnéré Jean-François

                                                                            CARA Yann (15/1/2013)