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Notes discordantes sur l'époque
2 février 2013

Le fragile rempart TA... TA... TA... TAM N°15

 

 

Le fragile rempart

 

          Dans le numéro de M, Le Monde, daté du 2 février 2013, l’auteur de l’article « Les Français accros à la culture Gé », évoque une nouvelle revue, L’Eléphant, dont le credo serait : La culture générale et l’éducation contribueront à sauver le monde… Sauver le monde, rien de moins… Je viens justement de terminer la lecture de deux ouvrages : l’incontournable A l’Ouest, rien de nouveau  et le moins connu, mais tout aussi essentiel, La peau et les os…  Dans ces deux ouvrages, j’ai souligné des passages dans lesquels les auteurs soulignent la fragilité du barrage que constituerait, aux yeux de beaucoup, la culture dont, à mon sens, l’itinéraire est un cheminement personnel, celui de la liberté individuelle s’ouvrant un passage dans le bouillonnement incessant du savoir universel.

          Erich Maria Remarque, qui combattit côté allemand lors de Première guerre mondiale et dont le célèbre A l’Ouest, rien de nouveau en fit plus tard, pour cause de pacifisme,  une des cibles des nazis, fait dire à son jeune narrateur, exposé sur le front : « Puisque pareille chose est possible, combien tout ce qu’on a jamais écrit, fait ou pensé est vain ! Tout n’est forcément que mensonge ou insignifiance, si la culture des milliers d’années n’a même pas pu empêcher que ces flots de sang soient versés et qu’il existe, par centaine de mille, de telles geôles de tortures. » - ceci à propos des centres médicaux accueillant des corps humains réduits à l’état de déchets – [… ] Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l’univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse d’une manière encore plus raffinée et dure encore plus longtemps […] Pendant des années nous n’avons été occupés qu’à tuer : ç’a été là notre première profession dans l’existence. Notre science de la vie se réduit à la mort. Qu’arrivera-t-il après cela ? et que deviendrons-nous ? ».

          Quant à Yves Hyvernaud, il montre, dans La peau et les os, que la transmission des souvenirs de guerre à ceux de l’arrière est, pour les prisonniers de guerre dont il fut, mission impossible. Personne ne veut entendre, apprendre… Ses souvenirs ? « A mesure que j’en parle, cinquante mois de captivité se transforment en une bonne blague de chambrée, en une partie de cache-cache avec nos gardiens. Voilà ce que j’ai rapporté de mon voyage : une demi-douzaine d’anecdotes qui feront rigoler la famille à la fin des repas de famille. […] Mes vrais souvenirs, pas question de les sortir. D’abord, ils manquent de noblesse. Ils sont même plutôt répugnants. Ils sentent la merde et l’urine. Ç a leur paraîtrait de mauvais ton, à la famille. Ce ne sont pas des choses à montrer. On les garde au fond de soi, bien serrées, bien verrouillées, des images pour soi seul, comme des photos obscènes cachées dans un portefeuille sous les factures et les cartes d’identité. »

          Plus jamais ça !, s’indigne la Culture. Mais lorsque l’autre sort son revolver, le vernis culturel aussitôt se craquelle…

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Commentaires
L
Il faut bien reconnaître que plusieurs millénaires de culture ne changent guère la nature humaine qui continue de réagir comme lorsqu'elle vivait dans les abris du Périgord et autres belles régions. En fait, je crois que la culture ne peut qu'aider à mieux comprendre le monde mais l'intelligence ne suffit pas. Je SAIS parfaitement que les araignées que l'on rencontre dans nos contrées sont parfaitement inoffensives. Cela ne m'empêche pas d'en avoir toujours peur malgré mon âge aujourd'hui avancé.
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