La nostalgie, Camarade !... TA... TA... TA... TAM... N°68

La nostalgie, Camarade !

A pas d’âge passé, il était tout content,

le cœur toujours jeune, toujours militant.

En ce janvier 2009, sous ses yeux renaissait le printemps,

Celui de 68, de Paris mais aussi de Prague, qui l’avait déboussolé,

Laissé sans voix, comme anesthésié, sans espoir, désolé :

Penser que des Camarades… Mais ça n’avait pas duré longtemps.

En cet après-midi, imprimés sur son anachronique drapeau,

Flottaient, au vent léger, la faucille et le marteau…

Marteau, le vieux fossile ?...

Sur son anachronique drapeau

Se retournaient  vieux de la vieille, vieux de la veille et  jeunes pousses.

La vie, comme par enchantement, lui redevenait douce…

D’aucuns l’encourageaient, le félicitaient pour sa fidélité à ses idées.

Plus que sa canne, L’Internationale retrouvée l’avait dopé :

- Ah, c’est beau ! Ah, c’est mémorable !... C’était surtout touchant…

Mené en bateau par les Révoltés d’un Potemkine

Détourné de son cap par « Le Petit père des Peuples », Staline,

depuis Gorbatchev et Eltsine, il ramait à contre-courant…

Là, il pouvait partir tranquille,  toutes ses illusions intactes…

Le contrarier cet après-midi ? Nul n’aurait eu ce manque de tact.

Il voulait «montrer le drapeau », qu’il disait tenir de Karl Marx…

Papi faisait de la résistance, assurait, à sa façon, un max.

Il se libérait, exigeait des prises de positions radicales,

du rouge vif, pas des roses pâles…

Il fallait rendre au Peuple l’outil de production…

Papi  se repassait le film, sa superproduction,

Il restaurait la pellicule de sa grande illusion…

Et la foule des manifestants, goguenarde mais sentimentale,

N’aurait voulu pour rien au monde troubler son utopique idéal,

Lui gâcher son après-midi, sa… lutte finale.

         En souvenir d’une manif. CARA Yann (1/07/2013 )