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Notes discordantes sur l'époque
5 mars 2014

" Alain régnait... " TA...TA...TA...TAM... N° 137

 

 

Alain régnait…

 

            Alain Resnais, sans tapage, sans esbrouffe, simplement par la force de ses œuvres, a fini, c’est une banalité que de le noter après tant d’hommages médiatiques, par apposer sa qualité « made in France », dans son pays et au-delà des frontières de celui-ci, comme Godard, Truffaut et quelques autres… On peut avoir, même si tout est pratiquement bon chez lui, des préférences personnelles parmi son œuvre foisonnante.

            Pour ma part, certains de ses  films, plus que d’autres,  ont laissé en moi une empreinte plus profonde, voire capitale. Bien sûr, Nuit et brouillard qui éclairait alors une possible ignorance. Le grand choc, je le ressentis lors de la sortie de Mon oncle d’Amérique, œuvre ludique et pédagogique, de vulgarisation, née des travaux et de la collaboration du professeur Henri Laborit : une étude « comporte-mentale » à partir de la structure du cerveau humain et du mode de fonctionnement de ce dernier, qui démonte les règles inconscientes, comportements que nous pensons instinctifs, « déterminant » souvent notre choix de vie aux carrefours dangereux de celle-ci, lorsqu’il nous faut choisir une direction, trancher par une décision cruciale pour notre avenir. Fabuleux parallèle entre les rats de laboratoire conditionnés et les humains qui le sont pareillement, encagés dans leur vie réduite à des réflexes rarement remis en cause. Difficile après pareille  démonstration de ne pas reconsidérer d’un œil neuf sa place dans la société  et son rapport à autrui par une connaissance approfondi de soi-même… Ce film m’amena à lire le remarquable Eloge de la fuite et quelques ouvrages tout aussi passionnants de ce savant modeste. Par la suite, Smoking, no smoking, comme une suite du précédent, une illustration, posait la question du choix, celle de la liberté et de la difficulté de l’assumer : Etre ou ne pas être… Faire ou ne pas faire… ceci ou cela, ceci plutôt que cela…

            Un soir, sur Arte, Muriel ou le temps d’un retour me fut une… madeleine de Proust. J’y retrouvai le Boulogne-sur-mer de 1957, celui de mon enfance, le quartier du port avec les cicatrices profondes dues à la guerre, le Bar Hamiot, les aciéries d’Outreau, la pâtisserie préférée de mon grand-père, où il m’emmenait déguster, avant le politiquement correct, des « têtes  de nègre », la haute-ville et ses remparts, puis par extension : la foire, les pommes d’amour, la barbe à Papa, les croustillons hollandais, le musée où je découvris ma première momie et le bicorne de Napoléon, porté lors de sa campagne en Egypte… tout me revenait, avec, en prime, le charme infini, hypnotique et le  phrasé inoubliable de Delphine Seyrig…. Et que dire d’On connaît la chanson ? Nos vies ne sont-elles pas un chemin jalonné de stèles musicales, chacune dédiée à un évènement marquant ?… Pour tout cela, merci M. Resnais !

                                                                                                                              Hagnéré Jean-François

                                                                                                                                   (04/03/2014 )

 

 

 

 

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