" Mais où sont passés les gamètes ?... " TA... TA... TA... TAM... N° 156

Mais où sont passés les gamètes ?

« Et je marchais dans la rue un soir […]Tout en fumant dans le noir un mégot ajouré […] Mais au carrefour, je les ai entraperçues / Nez au vent, elles déboulaient à bride abattue / Elles tanguaient sous les phares des autos, effarouchées… Mais où sont passées les gazelles ?… Un soir qu’elle avait sans doute « fumé la moquette », voilà la question existentielle obsédante que se posait Lizzy Mercier-Descloux, vedette rapide, météorique d’un Palmarès des chansons du siècle dernier. Aujourd’hui, le sort des gazelles ne pose plus de problèmes particuliers mais, par contre, le décryptage de deux études scientifiques, dont les résultats sont rappelés par la presse, jette un sombre voile sur l’avenir de notre espèce. En effet, sur les paillasses des labos, le champ d’observation de certains microscopes nous pousse à lancer ce cri d’alarme : « Mais où sont passés les gamètes ? ». Et les champs d’observation désespérés des hommes ne seront pas les plus beaux, car, ici,  nos spermatozoïdes se font la paire…

             Voilà ce que révèlent ces études - qui intéressent toutes les régions françaises -  menées entre 1989 et 2005.*Accrochez-vous ! Pendant cette période, on note une diminution significative et continue de la concentration du sperme ( jusqu’à 32,2 p. cent), ainsi qu’une concentration moyenne de spermatozoïdes par millilitre de sperme, passant de 73,6 à 49,9 millions… Cerise sur le Spermatozoïde : Le pourcentage de ses représentants ayant une morphologie normale est passé, lui, de 60,9 à 39,2 p. cent, toujours pour la même période… Ouille ! Ouille ! Ouille !… Et lorsque l’on reprend, pour en faire un syllogisme plus expressif, la phrase de Coluche : Tous les hommes sont égaux…[Les Français sont des hommes, donc les Français sont tous égaux], mais il y en a qui sont plus égaux que les autres, on se dit qu’il y en a parmi nous qui ont du souci à se faire, sachant que les résultats varient grandement selon les régions. Et peut-être même, comme le chômage,  en données corrigées des variations saisonnières… Allez savoir !…

            Comment garder son sang-froid devant pareil phénomène ? Mettez-vous, par exemple,  à la place de la maman de Gaby, jeune femme en mal d’amour et d’enfant, soucieuse d’assurer une descendance à la famille. La demoiselle comprend mieux la formule abrupte de sa génitrice lorsque celle-ci lui lance tout de go : « Oh Gaby !  A quoi elle  sert ta moule s’il a pas la frite ?… »** La tête prise en étau entre les mains, Gaby approfondit son étude : le tabac et l’alcool sont mis hors de cause, par contre le bisphénol A  ainsi que  les pesticides répandus à tout-va dans les champs et les vignobles jouent les perturbateurs endocriniens… Ce  qui ne manque pas de la perturber aussi… Aquitaine et Midi-Pyrénées sont hors jeu… Le bon coup à jouer  se situerait - contre toute attente - en Bretagne… Profiter de quinze jours de vacances bretonnes pour assurer une descendance saine ? Car quitter définitivement  la Provence pour la Pointe - quelque peu arrosée- du-Raz, non merci !… Même si on n’est pas une poule mouillée, ça refroidit… Alors Gaby, affolée, d’envisager le pire : Des vacances au Groenland, dans ces contrées où les types « se les gèlent »… Ramener quelques paillettes du sperme local  congelé, en réserve, au cas où, on n’est jamais trop prudente…. Et, plus tard, en cas de besoin, pour le dépannage, coup de téléphone à l’hosto  : « Vous me préparez le gamète… Merci !… ? »… Comme on le voit, l’homme et la femme, même au bord du gouffre, ne sont  jamais à court d’imagination…

 * Source : Le Monde.                                                                       Hagnéré Jean-françois ( 28/04/2014 )

 ** Extrait de Gaby, , de Bashung, revu et corrigé pour la circonstance.