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Notes discordantes sur l'époque
27 novembre 2014

"Salut, les copains ! " TA...TA...TA...TAM... N°210

Salut, les copains ! (1)

Ou

My generation (2)

 

Momo le Chevalier lui avait passé le relais :

Avec son canotier, sur le côté, sur le côté… (3)

Mais, ma génération, celle de Mai, Paris, Mai… Mai…, (4)

rebelle, allait se révolter, lasse d’être boycottée…

Une p’tit’ MG et trois compères assis dans la bagnole

tout près d’un réverbère,

une ou deux jambes par-dessus la portière,

C’est la Nouvelle va-a-a-gue… (5)

Mais, peu à peu, ma génération s’essouffle, s’éteint,

se réduit à une peau de chagrin,

Trop sourde pour encore[ entendre siffler ] le train… (6)

Pourtant voyagent encore les entraînants refrains

de Françoise, Johnny, Claude et Sylvie…

J’y pense et puis j’oublie,

Mais j’y pense encore plus que je n’oublie (7)

Et quand, Souvenirs, Souvenirs,

je vous retrouve en mon cœur

 vous faites refleurir

mille rêves de bonheur… (8)

Les noires Chaussettes et les sauvages Chats,

gratouillant de leurs guitares les manches,

viraient du paysage Tango et  Cha-cha-cha…

Solo, d’un pied, on marquait le tempo,

pour flirter on se rattrapait sur les slows…

Michel, France, Richard et Sheila,

Sur ton visage, una lacrima : (9)

Demain, je pars,

tout l’été, il va falloir

se séparer,

pendant les vacances

essaie de ne pas m’oublier-éé-éé…(10)

Des Anglo-saxons, nous héritons

Du rock et Twist again,

pour un tour nous repartons :

Donne-moi la main, là !

tu t’y prends bien, continue comm’ ça…(11)

Et puis nous deux on va s’aimer,

tout comme l’été dernier…(12) Mais

Quand vient la fin de l’été

sur la plage,

il va falloir se quitter… (13)

Puis sur la plage

Laissée aux romantiques (14),

Les Anglais, plus radicaux,  plus toniques,

par vagues vont débarquer :

People say put us down (talkin’ bout my generation)

Just because we get around (talkin’ bout my generation)[...]

I hope I die I get hold ( talkin’ bout my generation)... (15 )

Ne jamais vieillir idiot comme les parents...

Mais, au fil des ans, on rentre dans le rang…

On ira tous au paradis

Dadou, dadou-ron-ron (16 )

Dadou-ronronner

pour animer là-haut la divine surpart’

Au son des Fantômes et des Pirates… (17)

D’ici là, Michel, ta poupée n’a plus à faire non :

Qui, dans la rue, siffle encore les vieux croûtons ?… (18)

 

                                                   Hagnéré Jean-François

                                                            (14/11/2014 )

(1) Salut les copains !, cri de ralliement des adolescents français des années 1960, temps des « tubes » et des « idoles des jeunes »… C’était aussi le titre d’un programme radio quotidien, animé par Daniel Filippachi - Il lancera par la suite, le magazine Lui «   le mensuel de l’homme moderne » - sur Europe 1,  à 17h, l’heure de la sortie des classes… Il va ainsi favoriser l’éclosion d’individualités chantantes, plus ou moins marquantes, et la création d’une kyrielle de groupes musicaux à la carrière météorique pour la plupart. C’est le temps des copains, c’est le temps de l’amour -Françoise Hardy-, du défoulement, du déferlement de la musique anglo-saxonne dont les succès sont vite adaptés et recyclés en « tubes » français. Filippachi passe en début et fin d’émission Le Chouchou de la semaine… Vente assurée chez les disquaires. On est passé des 78T aux 45 et 33t Vinyles, dont certaines pochettes tiendront bientôt de l’activité artistique à part entière. Pour se promener avec son transistor, on peut écouter des cassettes… Le vilain CD sonnera le glas de cette époque. Cet élan musical contribuera aussi à desserrer le carcan étouffant du gaullisme inadapté aux temps nouveaux. Le feu d’artifice de Mai 68 marquera l’avènement d’une nouvelle France dans laquelle la jeunesse, bousculant l’ordre établi, prendra enfin toute sa place…

            Autre point de ralliement des jeunes, à la télé cette fois : l’émission mensuelle, en noir et blanc, créée et animée par un des membres de l’ancien trio d’harmonicistes Raisner, Albert. Dans un studio, assis sur des gradins, un public jeune accueille avec enthousiasme ses « idoles » venues proposer leur dernier succès… Le nom de l’émission, Age tendre et tête de bois, est inspiré d’une chanson éponyme de Pierre Delanoë pour les paroles, auteur de centaines de rengaines, et pour la musique, de Gilbert Bécaud, surnommé Monsieur 100 000 volts, le premier pour qui les fans cassèrent des fauteuils à l’Olympia, temple des idoles…

            Le temple du rock français – mais peut-on parler de rock français, à part peut-être pour Téléphone qui viendra beaucoup plus tard ? – sera Le golf  Drouot, sur la scène duquel Chaussettes noires, Chats sauvages, Johnny Hallyday et consorts feront leurs premières armes…

             Ces années feront partie d’une période qu’on va appeler les Trente Glorieuses, années de la reconstruction du pays, après la Deuxième Guerre mondiale, années du plein emploi, avec l’irruption dans les ménages des innovations dues aux progrès techniques en matière d’équipement domestique, la banalisation de l’automobile, etc. « Glo-rieuses », elles ne le furent tout de même pas pour tout le monde, c’est simplement une façon de parler… Evidemment, par rapport aux dramatiques évènements que la France occupée avait connus, ça pouvait sembler être le nirvana… La France restera engagée militairement, de longues années, en Indochine et en Algérie, ce que l’on a appelé des guerres de dé-colonisation.

 (2) Chanson emblématique, cri de rage et de rébellion, écrite par Pete Townsend, le leader du groupe anglais The Who, superbement interprétée vocalement par  Roger Daltrey -inoubliable fameux bégaiement…

(3) Maurice Chevalier, grande vedette du music hall d’avant-guerre – Ma pomme, Valentine, avec ses tout petits petons… -, un autre style, interpréta, avec Les chaussettes noires d’Eddy Mitchell, Le twist du canotier – son fameux couvre-chef : avec mon canotier, sur le côté, sur le côté, y a cinquante ans que j’ twiste, le twist, Yé yé yé yé… Yéyé, cri de ralliement des « copains » de l’époque, surnom aussi, qui est passé à la postérité,  celui de cette génération et de ses représentants musicaux, les idoles

(4) Mai 68 sonne, avec ses pavés, ses barricades, ses matraques policières et ses grenades  lacrymogènes, le réveil de la jeunesse. Claude Nougaro va en tirer une de ses plus belles chansons : Mai, Paris Mai…

(5) Au cinéma, comme dans le rue, c’est La nouvelle vague, une nouvelle façon de vivre sa jeunesse. C’est Richard Anthony, le père tranquille du twist, qui interprétera cette Nouvelle vague, l’un de ces nombreux succès d’outre-atlantique, immédiatement recyclés par des traducteurs-minute…

(6)Richard Anthony, encore lui, entendit siffler ce train - tortillard venu des Etats-unis - toute sa vie, et nous avec lui, malgré l’apparition du TGV…

(7) J’y pense et puis j’oublie, adaptation de Claude François, le seul showman à l’américaine de l’époque, une pile électrique sur scène, au milieu de ses choristes-danseuses aux tenues suggestives, Les Clodettes… Deuil national lorsqu’il lui prit l’idée saugrenue de changer une ampoule électrique alors qu’il prenait son bain…

(8) Souvenirs, souvenir, la vraie première bombe de l’interminable carrière de johnny Hallyday, que Line Renaud, tout aussi increvable et légendaire  interprète de La Madelon, Combien ce p’ tit chien dans la vitrine ?, Ma cabane au canada ou encore Toi, ma p’ tite folie, vedette, jusqu’à Las Vegas, de revues chantantes et dansantes, révéla au grand public. Johnny, une « bête de scène », le mot n’est pas trop fort…

(9) Il y eut pas mal de slows entre les rocks, twists, madisons, et autres  mashed potatoes d’importation. Parmi ceux-là : Una lacrima sul viso, rengaine du sirupeux Italien Bobby Solo…

(10) Autre slow, autre guimauve de l’époque : Pendant les vacances… Interprété par Sheila, la chanteuse aux couettes et à la jupe écossaise criant par ailleurs sa joie à l’idée de sa Première surprise partie après L’heure de la sortie de l’école…Oh les scies ! oh les scies ! elles nous rendaient marteaux o o…

(11) Chubby Checker et son Twist again, jeu de hanches et test des rotules... Reprise française de Hallyday, Anthony…

(12) Comme l’été dernier, autre succès de Johnny, une de mes reprises, au micro, lors de mon imitation sur scène des tics de l’idole des jeunes,  au mariage de Caro et Arnaud.

(13) Moment nostalgique : un slow, la fin de l’été, des vacances et de la romance… Interprété par les chats sauvages, dont le chanteur Dick Rivers, attiré par une carrière solo, laisse sa place à Mike Shannon, pour peu de temps, car les Chats se retrouveront bientôt à la fourrière, tandis que les Chaussettes noires, trouées suite au départ d’Eddy Mitchell pour l’armée, ne seront pas reprisées… Laurent voulzy, bien plus tard, livrera sa version de cette chanson dans un disque de « reprises »…

(14)Slow, encore et toujours : La plage aux romantiques, pleurée par Pascal Danel, qui nous perdra dans Les neiges du Kilimandjaro : Il n’ira pas beaucoup plus loin, la nuit viendra bientôt, et l’on voit dans le lointain, les neiges du Kilimandjaro… Elles te feront un blanc manteau où tu pourras dormir-ir… Là, ça ne rigolait pas ! Aline et Capri, c’est fini ! deux autres cris de détresse de l’époque, lancés à longueur de journée, à la limite du supportable, par Christophe et Hervé Vilard… Mamma mia !…

(14) La claque des Who donnée aux générations précédentes, empêcheuses de danser en rond le rock… Townsend, le compositeur-parolier- guitariste du groupe – auteur plus tard du premier «  opéra-rock », le légendaire Tommy -, préfère mourir jeune plutôt que d’avoir à vieillir… Il aura bientôt l’âge du déambulateur… De cette génération Sexe, drogue et rock-n’ roll, quelques uns, minés par les excès en tous genres, vont tout de même suivre ce précepte : les fabuleux Hendrix – un extra-terrestre de la guitare -, l’émouvante Janis Joplin, feulant ses chansons, Jim Morrisson, le chanteur-poète de The Doors… Larguer les amarres à 27 ans permet de voyager longtemps dans la légende… Mais mourir a aussi ses inconvénients…

(16) On ira tous au paradis, titre tardif de Michel Polnareff… Dadou ronron, une chanson à la fois existentialiste et surréaliste  de Johnny Hallyday… Aurait pu être écrite par Sartre, pour les paroles, et Marcel Duchamp pour la musique…

(17) Les années 60 connurent  une floraison sauvage de groupes musicaux en France : Les jeunes cherchaient alors leur salut dans la musique, comme d’autres dans le sport plus tard… On apprenait à jouer sur le tas, sans complexe, on chantait l’anglais en « yaourt »… Dans les studios d’enregistrements, des musiciens pros assuraient, tandis que sur scène, c’était le grand n’importe quoi, la débrouille, l’enthousiasme, la joie et la folie d’exister emportait tout sur son passage… Voir Johnny Hallyday, l’historique concert Place de la Nation, à Paris… La France ne reconnaissait pas sa jeunesse… A ce petit jeu, beaucoup se brûlèrent sérieusement… Les Pirates, Les Lionceaux, Les cousins, Les Fantômes, les Chats, les Chaussettes, Les Daltons, les Variations, Martin Tircus, Triangle… Il est à remarquer que Boris Vian écrivit les paroles des premiers rocks français, mis en musique par… Michel Legrand et Alain Goraguer, et interprétés  par Henri Salvador, qui avait alors choisi pour l’exercice un pseudo à l’américaine : Henry Cording («  jeu de mots », Maître Capello, le dictionnaire parlant des Jeux de 20 heures à la télé). Un titre, pour montrer le sérieux du projet : Rock and roll mops… Vian et sa trompinette avait plutôt un sérieux penchant pour le jazz, sport qu’il pratiquait dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. les chanteurs de la plupart de ces groupes tentèrent par la suite, avec plus ou moins de chance, de se lancer dans une carrière solo… Dick Rivers, des Chats, et Eddy Mitchell, des Chaussettes poursuivent encore leur rêve adolescent…

(18 ) L’hymne de Polanareff, vrai musicien, et de talent : La poupée qui fait non, à qui on n’avait jamais appris à dire oui… Esprit progressiste, doué pour la transgression,  la provocation, mais aussi l’hyper sensibilité… Des titres : Faire l’amour avec toi, âme câline, Un oiseau de plus, un oiseau de moins, Le roi des fourmis, le planant Holydays, Le bal des Laze, Qui a tué Grand-Maman ?Ra-di-o… Du made in France de qualité supérieure. L’affiche montrant ses fesses nues, pour annoncer l’un de ses spectacles, fit scandale dans Paris, et devint ainsi geste historique… Un en-fonceur de portes fermées… Définitivement « hors cadre »… Un artiste, un vrai, un peu, beaucoup mégalo, mais tellement talentueux… Victime, comme beaucoup d’artistes débordés, d’une escroquerie comptable, il se réfugia aux Etats-Unis où son inspiration sembla s’enfoncer dans le sable  des plages américaines de la côte Ouest… Dommage !

                                                                                                 Hagnéré Jean-François

                                                                                                   ( 15/11/2014 )

                                                                                       ( Extrait de Kaléidoscope ou Une egothérapie )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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