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Notes discordantes sur l'époque
13 juin 2016

" Cirque 1 " TA...TA...TA...TAM... N°306

Cirque 1

ou

L’innocence perdue

 

           

 

 

 

 

On vit d’abord les chauffeurs de taxis, très fâchés de la concurrence des « « Uber », roulant sur leurs plates-bandes sans avoir à acheter une licence, bloquer les artères de la capitale et celles des grandes villes françaises en signe de protestation. Puis les tracteurs des agriculteurs, profession déjà rompue à l’exercice, prirent le sillage des taxis. Peu de temps après, plus insolite, l’on entendit parler d’une manif orchestrée cette fois par L’association de défense des cirques de famille, dont les membres allaient, se battant comme des lions, mener une opération… escargot sur le périph. L’objet de leur ressentiment ? De plus en plus de municipalités, sous la pression de minorités constituées de « défenseurs de la cause animale », leur refusent l’autorisation nécessaire à l’exercice de leur art. Il faut croire que ces citoyens, vigilants et virulents, lorsqu’il s’agit bien-être des animaux,  n’ont pas de chien en laisse, de lapins en clapiers, de poules en poulaillers, de poissons ou de tortues en aquarium, de serpents en terrarium, de cochons d’Inde en cage, etc. On compte dans leurs rangs de ces ultras, des végétariens, des végétaliens ou vegan , dont certains intégristes de la cause, et pas que sur les bords, qui ont la dent dure pour les carnivores dont nous sommes. Vont-ils aussi libérer les vaches, les porcs, les chevaux de trait et de course,  interdire de chasser les souris et les rats ?… En tout cas, l’Homme, qui lui est un loup pour l’homme, sévit en toute liberté, traite son semblable comme un chien, l’abat sans sommation, et de quelle façon, mais demande, par ailleurs,  un abattage décent dans les abattoirs pour ses amies les bêtes…

            Retour en arrière, au temps d’une innocence aujourd’hui perdue. Nous sommes dans les années 1960-1970, aux heures noires et blanches de la télévision, au temps de l’ORTF. Nous sommes un mercredi soir. Le jeudi est jour de congé scolaire. Tous unis dans un même élan, parents et enfants sont assis, les premiers sur des chaises, les seconds sur des bancs de fortune, devant un petit écran. C’est l’avènement de la communion médiatique. A l’époque, tout le monde n’a pas la télé chez lui. La convivialité, tant vantée aujourd’hui mais naturelle à l’époque, pousse au rassemblement des familles et des voisins. Chaude ambiance… Le public attend avec impatience les premières images et les premiers accords de la fameuse Marche de la Piste aux Etoiles… Un spectacle proposé par Gilles Margaritis… Des étoiles, nous, les mômes, en avions  plein les mirettes… Ah! comme vus d’aujourd’hui nous étions bêtes, bébêtes à « bouffer du foin »… Ces soirées-là, « abêtissantes », comme aujourd’hui, on les regrette… Mea culpa Mea maxima culpa… Mais bon, finalement, on assume… Le rideau s’ouvre… Dans un déluge de tambours et de cuivres M. Loyal, Roger Lanzac, homme du voyage aux valises sous les yeux, nous ouvre les portes de l’exploit, du rire et du rêve… Ecoutez, regardez, applaudissez messieurs-dames, les acrobates, les jongleurs, les magiciens, les lanceurs de couteaux, les trapézistes, le Clown blanc et l’Auguste, les redoutables tigres et lions, les éléphants qui trompent énormément, les chevaux lancés au galop… Allez messieurs-dames, on applaudit sans retenue ! … J’ai honte, mon Dieu que j’ai honte… de voir aujourd’hui de riches Tartarin abattrent, au cours d’un safari, un fauve que des rabatteurs ont précipité vers le canon de leur fusil, de voir des éléphants et des rhinocéros sur la réserve – créée pour protéger les espèces en voie de disparition – abattus par des braconniers, pour des trafiquants d’ivoire et de poudre de perlimpinpin pour marchés asiatiques.

             Finalement, à bien y réfléchir, que l’on soit d’hier ou d’aujourd’hui, on peut s’interroger : Où est le Bien, où est le Mal ? Lorsque l’on est animal, il ne reste plus qu’une solution, reprendre en chœur avec Gérard Manset * : Animal on est mal […] Et si l’on ne se conduit pas bien / On renaîtra dans la peau d’un humain( perspective horrifique de la métempsychose)[…] Mais Dieu reconnaîtra les siens… Ce n’est pas certains qu’ils soient ceux que l’on pense… En effet, combien de fois dans l’existence, à voir « évoluer » nos semblables, ne nous indignons-nous pas au spectacle qu’ils offrent d’un dépité : « Quel Cirque ! »

 

                                                                                        Hagnéré Jean-François

  • Gérard Manset : un ovni dans la chanson française des années 1960. Toujours en activité, un artiste insaisissable.

 

                                                   Extrait de Kaleidoscope ou Une egothérapie

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