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Notes discordantes sur l'époque
30 juin 2016

" Métamorphoses du cirque" TA...TA...TA...TAM... N° 308

Métamorphoses du cirque

Ou

Cirque 2

 

            Dans « L’innocence perdue, je relatais les problèmes rencontrés par les gens du cirque, accusés ces derniers temps, par des petits groupes d’extrémistes, d’utiliser pour leurs spectacles des animaux faits pour vivre dans les grands espaces, alors que ceux-ci, pour diverses raisons, voient leur surface se réduire comme peau de chagrin. Dans cette affaire, les zoos, qui avancent, eux, une noble intention de protéger et préserver certaines espèces menacées, sont aussi dans le collimateur des contestataires. De même pour les parcs aquatiques.

            La tradition du cirque ne date pas d’hier. Elle remonte à l’Antiquité, mais ce sont les Romains qui ont baptisé de ce nom le type d’endroit dans lequel les spectateurs  et les athlètes se défoulaient. D’une construction monumentale de pierre – En France, voir les vestiges des arènes d’Arles -, le cirque, toujours en pierre, fut ensuite couvert – Voir le Cirque d’Hiver, à Paris. Puis l’on passa à la conception « moderne » que nous connaissons : un enceinte circulaire et couverte, bâchée, supportée par des mâts, présentant à l’extérieur une ménagerie.

            Mais le cirque aujourd’hui évolue encore  car certains ont décidé d’abandonner totalement les numéros animaliers pour se concentrer sur les prouesses humaines en tous genres. Ainsi, par exemple, les productions du Cirque du Soleil, dont les troupes sillonnent le monde, connaissent un vif succès. Cela dit, n’en déplaise aux activistes qui harcèlent les gens du cirque traditionnel, ceux qui offrent encore des « numéros de dressage » à leur public, on remarquera, par exemple, que les combats de coqs, aux ergots armés de métal, ont toujours droit de cité dans le Nord-Pas-de-Calais, par exemple, et que la tauromachie fait toujours le plein dans les arènes du Sud de la France… Petite digression : Les laboratoires se servent d’animaux comme de cobayes afin de mettre au point des médicaments susceptibles de sortir nos semblables de sérieux pétrins. En passant , je note que lors- que je fréquentais l’école primaire, dans les années 1950, des gens, contre menue monnaie, proposaient aux enfants de découvrir des « curiosités ». Je me souviens,  par exemple, d’un porc-épic dans son étroite cage, le genre de « phénomène » qui ne courait pas nos rues… A la même époque, il était courant d’entendre des oiseaux « seriner » leur… Au fait, leur joie ou leur désespoir ? Si c’était leur désespoir, celui-ci faisait la joie de leurs propriétaires. Plus tard, je lirai Michaël, chien de cirque, roman dans lequel Jack London décrit des méthodes de dressage peu orthodoxes… Plus récemment, un reportage dénonçait les méthodes brutales employées par un cavalier allemand, célèbre champion du sport équestre– coups de bâton sur les pattes de ses montures au moment du saut, lors des entraînements. Il est vrai que nos « amies les bêtes » en bavent parfois avec l’homme. Mais ce dernier est-il plus sympa avec son semblable ? Là aussi, l’histoire du cirque est éloquente.

            Au temps de la grandeur de Rome, un exemple de civilisation, les amphithéâtres et les arènes n’ont pas offert que le spectacle de courses de chars, illustrées par Ben Hur, production cinématographique hollywoodienne. S’y affrontaient aussi des gladiateurs, professionnels ou esclaves entraînés - V. Spartacus, de Stanley Kubrick -, dont la vie ne tenaient parfois, nous dit-on,  qu’à un pouce levé ou baissé. D’autres affrontaient des fauves ou leur étaient livrés en pâture à l’image d’une Sainte-Blandine, devenue icône chrétienne, dont le courage fit la légende.

            Quelques autres exemples  prouvent que si Animal on est mal – Voir le texte L’innocence perdue - , humain on n’est pas non plus toujours bien. Le XIXe siècle nous propose quelques exemples édifiants.

            Aux Etats-Unis, Le cirque Barnum, au XIX e siècle attire les foule avec son « Freaks Show », des « monstres » parmi lesquels on trouve être humains présentant une particularité anatomique : Nains, femme à barbe, etc. En fin de XX e siècle, d’aucuns ont tenté, heureusement en vain, de relancer, si je puis dire, le « lancer de nains »… Le cirque itinérant de William Frederick Cody, plus connu sous le nom de Buffalo Bill, alors que la « ruée vers l’or » et la conquête des terres indiennes étaient achevées, promena son spectacle vivant jusqu’en Europe : Attaque de la diligence, triomphe de la civilisation des Blancs face aux sauvages Peaux-rouges… Il entraîna même l’un des plus grands chefs de tribu, Sitting-Bull, dans sa parade. Ce dernier se faisant partout copieusement siffler, huer par les spectateurs, regagna sa réserve avec, on peut le penser,  des envies de déterrer la hache de guerre… Abdellatif Kechiche, donna la vedette, dans un film, Vénus Noire à celle qu’on appela la  Vénus Hottentote. De son vrai nom Sawtche, cette esclave noire originaire d’une tribu d’Afrique du Sud fut présentée par son propriétaire, sous le nom de  Saartjee Boartmen Sawtche, comme un genre de bête sauvage qui, sortie de sa cage, était dressée au fouet par son maître, devant des spectateurs à la fois apeurés et médusés… Elle était remarquable par ses particularités physiques, ce qui, après moult aventures, l’amena en France, présentée comme une curiosité dans les salons, puis, finalement,  transformée en sujet d’études devant  un aréopage de savants, dont Georges Cuvier. Finalement,  ces chercheurs conclurent qu’on avait affaire-là à une « sous-espèce » de l’homme, plus proche du singe que de nous… A sa mort, on réalisa un moule en plâtre de son corps, exposé, en même temps que son squelette au Musée de l’Homme à Paris. En 2002, la France rendit les restes de la «  Vénus Hottentote » à l’Afrique du Sud, où les siens l’enterrèrent selon les rites de la tribu Khoikhoie… Toujours vers la fin du XIX e, on exposa, en France, en été, des Nubiens, au jardin d’acclimatation de Paris, et, en hiver, peut-être pour varier les plaisirs, ce sont des Inuits qui furent proposés  à la curiosité des visiteurs du zoo du bois de Boulogne…

            Je laisserai la conclusion à feu Georges de Caunes, journaliste, en son temps de l’ORTF. Il se fit enfermer derrière des grilles au zoo de la Palmyre, sur l’emplacement des singes qui, pour l’occasion, avait déménagé. Pendant quelques jours, entre sa cabane et son hamac il regarda sans mot dire – maudire les visiteurs qui le regardait, certains plongés dans une profonde réflexion : Qui était le singe ? Qui faisait le singe en jetant des cacahuètes ou des cigarettes à l’autre ? Reflet-réflexion…  Ainsi parla  le singe philosophe…

 

                                                                                                               Hagnéré Jean-François ( 30/06/2016)

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