"Où l'on reparle de Lucy..." TA...TA...TA...TAM...N° 317

Où l’on reparle de Lucy…

            Que pouvait bien bricoler Lucy de ses journées ? Les passait-elle dans les arbres ?* Mais avant toute chose, rappelons d’abord, à ceux qui l’ignoreraient encore, qui est cette Lucy, aussi célèbre aujourd’hui que Marilyn Monroe,  sans avoir pourtant jamais fréquenté Hollywood.

            Lucy, d’abord, n’a rien demandé à personne. C’est une équipe d’archéologues internationaux qui, comme le Poinçonneur de Gainsbourg faisait des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous à lastation des Lilas,  ont fini par asticoter ses restes du côté de la « corne de l’Afrique », en Ethiopie. C’est au moment de cette découverte, sur le site d’Hadar, que cette représentante de l’espèce Australaupithecus afarensis a été baptisée. A l’époque, les ondes diffusaient un succès des Beatles : Lucy in the Sky with Diamonds, titre qui, pour les exégètes de l’œuvre de ce groupe, était un hommage au LSD, pilule alors en vogue chez les amateurs de paradis artificiels. Plus prosaïquement, John Lennon, le polisson du groupe  apporta plus tard la précision suivante : De retour de l’école, un jour,  son fils Sean lui montra un dessin. What is this ?,  s’enquit leBeatle curieux... It is Lucy in the sky with diamonds, précisa le bambin déjà poète.

            Pourquoi, me demandera-t-on peut-être, tant d’excitation devant un tas d’os ?  Parce que notre Lucy, aux dires des chercheurs, serait une dame qui aurait folâtré dans ces contrées  voilà à peu près 3,2 millions d’années. Elle aurait été, toujours d’après les mêmes sources autorisées, une cousine des hominidés, capable de se déplacer perchée sur ses pattes arrières, inaugurant ainsi l’ère de la marche à pied… Sûr que ça lui fait une belle jambe aujourd’hui, à Lucy. Mais en fait, désormais, ce qui intéresse les paléontologues, c’est un bras, disons plutôt ce qu’il en reste, l’humérus droit… Ils ont fait, comme on dit dans la Police, parler le nonosse… Déflagration, collision de neurones : La belle ne serait pas morte noyée, comme on l’a d’abord cru.  Déjà adepte du « cinq fruits par jour », Lulu la gourmande serait tombée d’un arbre, à peu près de douze mètres de haut, observent nos légistes, et à plus de cinquante-six kilomètres par heure… L’homme descend du singe, le singe descend de l’arbre et, parfois même il en tombe… Finalement, tout ça se tient… L’humérus droit de Lucy a craché le morceau… Un des experts ajoute : ce type de fracture survient lorsque la main touche le sol au moment d’une chute… Vilaine blessure donc, mortelle même, car on peut imaginer qu’à l’époque : pas de SAMU, de piqûre antitétanique, d’infirmière DE, de kiné, de livreur de courses à domicile, etc. L’âge de pierre et Lucy, quoi !…

            Heureusement pour nous, les choses ont évolué depuis. Je me souviens de feue ma belle-mère, Lucie, se livrant à la cueillette des cerises dans son jardin. Je la revois juchée sur une chaise ou agrippée aux barreaux d’une échelle. Alors, je crie : « Vive l’homo faber et sa boite à outils ! » Mais revenons à Lucy, notre Lulu. Etait-elle tellement à plaindre ? Faire son marché gratos dans les arbres, dormir sur une branche, pas de religion, pas de fiançailles, de mariage, d’alliance… Allez, positivons : il faut imaginer Lucy, comme Sisyphe, heureuse, ses poils lui servant de burkini en été et de manteau de fourrure en hiver. Et pour qu’on lui fiche la paix définitivement, au lieu de jouer aux osselets avec elle, il ne lui manquait alors que la possibilité d’être incinérée….

*Allusion au titre de l’œuvre de Marguerite Duras : Des journées entières dans les arbres.                                                                                                           

                                                                                          Hagnéré Jean-François  ( 15/09/2016)