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Notes discordantes sur l'époque
5 juin 2017

" Du Général au particulier" TA...TA...TA...TAM...N°357

Du Général au Particulier

 

            Au cours de la campagne présidentielle 2017, certains médias, à diverses reprises, ont déploré l’absence, au cours des débats, de la Culture, qui est censée ouvrir l’horizon des peuples , les éclairer et  aider à leur épanouissement et à leur cohabitation. A ces demandes, en gros, « ferme ton clapet! »  répondit poliment l’écho…

            Afin de situer, sur ce plan, les actuels prétendants au trône, sans pour autant vouloir commettre un crime de lèse-majesté, et pour répondre à leur étourdissant silence sur le sujet, je convoquerai le passé. Enfant de l’après-guerre, époque dite du Baby boom, je remonterai donc jusqu’au Général de Gaulle, fin lettré qui en avait sous sa casquette de général, auteur de Mémoires de guerre. Il se fit épauler, culturellement parlant,  par une autre fine plume, celle d’André Malraux, auteur, entre autres œuvres littéraires,  de la Condition humaine et de La voie royale, un agité de la glotte : André qui rit et qui sanglote… On se souvient du jour où il accueillit Jean Moulin et les fantômes de la Résistance, au Panthéon… On doit à Malraux, qui en inaugura quelques unes, les « Maisons de la culture », destinées aux jeunes…

            Culture et contre-culture : Mai 68 , le pavés dans la mare gaulliste… Musique « dégénérée » : rock n’ roll, slogans révolutionnaires peints sur les murs : CRS-SS, barricades, pavés dans la mare politique, puis le pouvoir des fleurs, la route de Katmandou, les paradis artificiels, bref, la fameuse « chienlit » du Général, dépassé puis bientôt  déposé par référendum…

             Avec Malraux, toujours à la barre de la Culture, Georges et Claude Pompidou mettent, pour leur part, l’accent sur l’Art contemporain. M. Pompidou est aussi l’auteur d’une Anthologie de la poésie française. Encore un fin lettré. C’est sous le  mandat de ce président, mandat qu’il n’achèvera pas pour cause de décès, que fut conçu le projet novateur du « Centre Beaubourg », musée qui sera aussi appelé «  Centre Pompidou », en hommage pour son concepteur.

            Sous M. Giscard d’Estaing, les lumières déclinèrent un peu… Le monarque publie des divers ouvrages dont « Le passage » et « La princesse et le président », abordant là aux rives du roman de gare, niveau Guy des Cars… Il s’adonne à la chasse à la… gazelle, et, en Afrique, à celle du gros gibier mais aussi à la chasse au trésor au trésor : les diamants… Sous son règne, nous connaîtrons un épisode digne des Copains, (1) de Jules Romains : les « avions renifleurs »… de pétrole. L’ancienne gare d’Orsay est transformée en musée, ce qui n’est quand même pas rien pour ceux qui y ont mis les pieds.

            Avec le duo Mitterrand à la présidence et Lang à la Culture, les artistes sont de nouveau à la fête. Dans la cour d’honneur du Palais-Royal, à Paris, les colonnes de Buren, après une polémique musclée, font partie du paysage. Les architectes, surtout, s’en donnent à cœur joie : Extension du musée du Louvre et apparition, dans sa cour, de la fameuse pyramide vitrée – Ieoh Ming Pei- ;  les quatre tours de la Bibliothèque Mitterrand font une ombre définitive à l’ancienne BNF ;  Le bâtiment qui abrite le Ministère des Finances à Bercy avance un pied prudent dans la Seine… C’est comme un feu d’artifices : l’opéra Bastille, l’Institut du monde arabe, la cité de la Musique à La Villette, l’Arche de la Défense… Jack Lang qui, à Nancy, avant sa carrière politique, s’investissait dans le théâtre,  lance La Fête de la Musique dont les échos dépasseront nos frontières… Avec ces couples d’esthètes la culture avait de la paille et [ du ] grain à moudre…(2)

            Après les deux septennats mitterrandiens, c’est M. Chirac qui prend le relais. Président qui « croque la pomme », il s’intéresse aux arts primitifs… Finalement, Jacques Chirac inaugurera en 2006 le « Musée du quai Branly », musée des « Arts premiers »… Les successeurs de ces passionnés de culture n’auront, dans ce domaine, ni les ambitions ni les moyens  de leurs prédécesseurs.

            Voilà pour la politique culturelle, mais qu’en est-il exactement au niveau de l’individu. Si l’on passe du Général au Particulier, les temps sont difficiles, durs aux petites gens qui doivent, avant d’élever leur niveau culturel, penser avant tout à surmonter les contingences de la vie. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Ceux qui, comme moi, sont issus de familles modestes, n’auront pas besoin d’un dessin pour comprendre. D’une part, quand le travail se fait rare, en période de survie, beaucoup parmi nous ont à faire face à d’autres impératifs catégoriques : la satisfaction des besoins primaires et le règlement des factures en tous genres. D’autre part, la télévision et la multitude d’écrans qui nous bouffent le paysage ont métamorphosé le paysage mental. Les réseaux sociaux et les «émissions de télé-réalité » répétitives et débiles accaparent le quotidien du citoyen, ramènent l’imaginaire au ras des pâquerettes : Cuisine, mode « magnifiquaï », jeux débiles à tous les étages, Super Nanny, adolescents vulgaires en chaleur,  histoires criminelles, séries, décalques les unes des autres, etc. Que demande le peuple ?  Du pain et des jeux ? Il est servi… A quoi bon réfléchir ? Laissons l’avenir venir, Que sera sera… (3) Comme chantait Jean-Louis Aubert : Puisque les révolutions / Se font maintenant à la maison / et que lorsque le monde implose / ce n’est qu’une nouvelle émission, Il  est temps à nouveau/ de reprendre souffle à nouveau / temps à nouveau / de nous jeter à l’eau… (4) Tous à l’abordage de la Culture, celle qui grandit, et non celle qui rabaisse l’individu…

 

                                                                                                      Hagnéré Jean-François ( 24 /04/2017)

(1)  Les copains, roman de Jules Romains.

(2)  La paille et le grain, recueil de notes de François Mitterrand.

(3)  Que sera, sera : chanson populaire chantée en 1956 par Doris Day.

Temps à nouveau : Composée et interprétée par Jean-Louis Aubert, lui, le poisson changé en homme…

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