" La politique, c'est aussi du ciné" TA...TA...TA...TAM... N°359

La politique, c’est aussi du ciné

Le 10 juin 2017, je m’en suis allé, en compagnie de ma moitié,  passer quelques jours de détente sur la côte d’opale, dans un petit port, Etaples-sur-mer, situé sur une rive de la Canche qui se jette dans La Manche, à hauteur du Touquet-Paris-Plage, station balnéaire réputée. Enfants, côté Etaples, nous connaissions « la plage des pauv’ », ensemble de trous de bombes, remplis d’eau de mer au fil des marées. En face, c’était la « plage des riches », celle du Touquet, où nous allions que très rarement, à pieds.

            A peine arrivé, valises posées, bicyclette enfourchée, en route pour Le Touquet, par des routes bordées de maisons cossues baignant dans la verdure et ombragées par des pins… Tiens, quel est ce raffut ? Un avion, amorçant une descente vers la piste du petit aéroport touquettois,  marqué République française, la queue aux couleurs Bleu, blanc, rouge, ne peut laisser planer aucun doute : Le président Macron va se rendre dans sa demeure touquettoise afin de voter pour le premier tour des législatives le lendemain matin. A hauteur de l’aéroport,  une voiture noire, escortée par les forces de l’ordre. Etonnant, non ? Bon, je ne vais pas en faire un fromage non plus… Ils n’ont pas fini de le voir là-bas, me dis-je… J’irai peut-être, quand je me serai acheté une raquette et entraîné un peu, taper une balle au tennis avec lui : Macron-Hagnéré : 6-0 ;  6-0, vingt minutes montre en main. Le tout sera de participer…

            Le lendemain, mon épouse et moi, comme quantité de gens aimantés par un soleil d’acier, flânons dans l’artère principale de la station, alignant un commerce après l’autre, la Rue Saint-Jean… A deux pas de l’hôtel Westminster, gargote devant laquelle il est de bon ton de garer pour parader sa modeste automobile,  pas mal de badauds contenus par des barrières métalliques… Le Tour de France n’est pas commencé, il y a anguille sous roche, déduisais-je finement. Les gens, selon la terminologie narcissique de Mélenchon, sont, surveillés par des CRS, à l’affût… En bas de la rue, sur une hauteur qui domine les magasins, se tiendrait la masure du Président… Ça sent le gibier !… Une voiture noire, aux vitres arrière teintées est garée… Un homme jeune traverse la route, ouvre le coffre pour y déposer sacs et cintres… Bizarrement, alentour règne un silence de cathédrale, comme le jour où Marie apparut à Bernadette, enfin je suppose… 18h pile ! Trogneux-gneux *… Bon sang ! Mais c’est bien sûr, c’est bien elle, « brushée » comme une madone : Brigitte, Brijou, Bijou… Non, pas la B.B. de mon adolescence, qui a fini par très mal… tourner,  mais une dame digne, souriante… Que se passe-t-il ? La voilà qui lève la tête, la retourne, pose un regard sur sa maison : A-t-elle oublié ses clés ou laissé une fenêtre ouverte ou bien encore oublié de nettoyer une vitre ?… Non, finalement elle reprend sa descente, se prêtant, radieuse à la folie de l’époque : la cérémonie des « selfies », serre des mains, embrasse les enfants, les prend dans ses bras… Un mot pour Papa, Maman, la bonne et… moi j’essaie de fixer l’instant… Pouvoir dire, je l’ai vue, j’y étais… Ah ! non, la tête de ce CRS devant mon objectif… il veut que je lui rappelle Mai 68 ? Là, ça y est, je la tiens… Clic-clac !… Elle s’assied enfin à l’arrière de la voiture, lance : « A la semaine prochaine ! », avant de lever le rideau noir… Est-ce à moi qu’elle s’adressait ? La semaine prochaine, désolé, je ne peux pas, Brigitte, j’ai belote… Voilà comme je suis devenu groupie de Bribri… Mon épouse s’est fait teindre les cheveux en blond… Comme c’est bizarre !… Il ne faut pas grand-chose parfois pour « Rallumer le feu ! »

* Pour « Scrogneugneu ». Expression suivante empruntée au « Commissaire Bourrel »

                                                                                                Hagnéré Jean-François ( 20/06/2017)