" La vie aux champs " TA...TA...TA...TAM... N° 84

La vie aux champs

            Je vous parle d’un temps que les moins de vingt, bénéficiant des allègements qui toucheront les programmes des cours d’Histoire, ne connaîtront pas forcément, ce temps où les Africains, victimes du commerce des esclaves, trimaient « comme des nègres » dans les plantations cotonnières de l’Oncle Sam. D’aucuns, candides ou aveugles, veulent croire que ces temps-là sont révolus, mais la misère qui [ serait ] moins pénible au soleil, * pousse aujourd’hui les Africains à venir se jeter eux-mêmes dans la gueule du loup esclavagiste européen. C’est à bord de radeaux, dont la vision médiatique nous méduse, qu’ils abordent – s’ils ne meurent noyés avant de parvenir à leurs fins - aux rivages de ce qu’ils croient être pour eux un Eldorado. « Cash investigation » - émission de France 2 –  en a retrouvés en Italie, parqués dans des abris de fortune construits de bric et de broc, vivant dans des conditions sanitaires lamentables… Au petit jour, ils gagnent leurs postes dans des champs dont on ne voit pas le bout, et, inlassablement, cueillent, pour 2,25 euros de l’heure, des tomates, des brocolis, etc., qui feront la fortune de grosses légumes  prétendant seulement défendre « la vie moins chère » dans nos contrées… Ah ! La vie Auchan, la vie au champ, la vie au grand air, une vie saine, épanouissante… Des chartes des droits du travailleur et  du légume, sont signées entre nos grandes enseignes et les producteurs vertueux. Qui songerait à vérifier sur place le respect de ces papelards ? A tous ces exploiteurs, on leur balance des tomates ?

Plus tard, on retrouve des guinéens engagés comme matelots à bord de bateaux de pêche chinois et coréens, des épaves flottantes… Ce poisson, volé dans les eaux territoriales guinéennes, est rebaptisé à bord – changement d’origine sur les emballages et, où il y a de la gêne, y a pas de bénef , parfois aussi sur nos étals    -, puis débarqué dans un port européen. La commissaire européenne chargée de la pêche, ne reste pas muette comme une carpe : elle déplore, mais  ne fait que ça. Tout le monde se moque du guinéen volé, exploité, cocu,  battu… Et que dire des Camerounais arrosés, autant que les bananiers qui poussent à côté de leur village, de pesticides vaporisés par avion ? Mangez cinq fruits par jour, c’est bon pour la santé… de l’entreprise.

Le commerce - des marchandises et des hommes -  avant tout… L’exploitation de l’homme par l’homme a encore de bien beaux jours devant elle… De temps à autre, des journalistes nous informent, ce qui est tout à leur honneur, et nous redonnent la banane, à consommer avec modération…

* Voir Charles Aznavour.

                                                                                   Hagnéré Jean-François

                                                                                         (20/09/2013)

Comments

[mimi1931]

Quel sombre tableau, malheureusement réel. Y a-t-il un remède? Que peut faire un individu qui n'a aucun pouvoir?

Lorsque je suis allée en Tunisie, un tunisien est venu s'assoir sur le banc à côté de moi et a engagé la conversation. Il me disait qu'il aimerait venir en France. J'ai essayé de l'en dissuader.