" Migrations" TA...TA...TA...TAM...N° 268

* « L’ nez à la r’tourn* « L’ nez à la r’tourne », patois du coin qui signifie, passez-moi l’expression : « Faire la gueule »

Migrations

            Le Monde, édition du jeudi 13 octobre 2015. A la une, une photo prise  d’un avion ou d’un hélico, à la Yann Arthus-Bertrand. Travail soigné, très pro, esthétique, rien à redire. Oui, la misère en photo peut être esthétique et récompensée… Le titre : Le bidonville « hors contrôle » de Calais. Une ville aux portes de la ville de la côte d’Opale, avec, nous dit-on,  ses propres lois, celles de la « nouvelle jungle », ses codes, ses trafics, ses « boutiques »…  En France, les cabanes, on connaît : Pour les vacances d’été la mode est aux cabanes perchées dans les arbres, louées à prix d’or… A Calais, avec moins de confort, certes, c’est gratos… Qu’est-ce qui amène tous ces pauvres gens, que l’on compte par milliers,  à cet endroit ? L’Angleterre, qu’on leur a dépeint comme un nouvel Eldorado ? Qui est ce « on » ? Les « on-dit », ceux des passeurs, de la famille, des médias, des téléphones portables, le « bouche à oreille », les promesses fallacieuses et dangereuses, le chant des Sirènes qui séduit les désespérés ? … Peu importe, toujours est-il qu’à hauteur des caps Blanc-Nez et Gris-Nez  on a, comme on dit là-bas, « l’ nez à la r’tourne »,* car, à part les représentants des associations caritatives,  qui ont micros ouverts, que pense le Calaisien de base de cette publicité négative faite à sa cité qui compte tout de même plus de 17 p. cent de chômeurs. Car Calais, c’est aussi autre chose, enfin c’était, en un temps où elle donnait d’autres spectacles à voir : le duo Brigitte Fontaine-Areski et la trompette de Don Cherry, entre autres artistes,  au théâtre de la ville, une ville qui offre de bien belles choses à découvrir. Aujourd’hui, devant le magnifique beffroi de l’hôtel de ville, les Bourgeois de Rodin ne donnent-ils pas l’impression d’offrir les clés de leur  cité aux migrants plutôt qu’à des Anglais qui ne  veulent plus accueillir  ces derniers ?…

             On présentait à la population du Calaisis, le Tunnel comme un nouvel atout dans sa Manche… Franchement, ces grillages, ces barbelés, ces échauffourées entre migrants et Police, tout ce tintamarre médiatique, ça donne envie ? J’ai du mal à croire que cette triste publicité est susceptible d’attirer les touristes dont Calais, comme toutes les villes de la Côte d’Opale, a bien besoin pour exister, garder un commerce florissant, rester attractive. Et l’on s’étonne que le Nord-Pas-deCalais se laisse séduire par une bande d’aventuriers d’extrême droite ? J’ai mal à cette  côte d’Opale dont je suis sorti, mais Dieu merci, il reste, à soixante-dix kilomètre de Calais, un petit paradis : Le Touquet-Paris-plage, capable à lui seul de redorer le sable des plages,  ville de M. Fasquelle, trésorier des « Républicains », ville où sont organisés des rassemblements de ce parti… Une ville où M. Xavier Bertrand prend des vacances… L’hiver, dans cette station, nombre de villas sont désertées par leurs propriétaires. Nul doute que ces derniers se feront un plaisir d’y héberger des ces migrants, car l’hiver, d’après les médias, s’annonce redoutable du côté de Calais. Pour un migrant, le petit trajet Calais-Le Touquet, à pied, c’est une vraie promenade de santé… Et on connaît la générosité de M. Macron, qui y possède une maison… Enfin un beau geste pour les humbles et, pour une fois, sans cynisme ni arrogance…  Hagnéré Jean-françois ( 21/10/2015 )