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Notes discordantes sur l'époque
23 avril 2016

" il pleut sur Metz..." TA...TA...TA...TAM... N° 298

Il pleut sur Metz…

Ce jour-là, il pleuvait sur Nantes pour Barbara, de ces larmes du ciel propices aux enterrements… Rappelle-toi, Barbara, il pleuvait –aussi- sur Brest ce jour-là… Je ne suis ni Barbara, ni Prévert, et je n’ai ni l’intention, ni la prétention  d’en faire un poème ou une chanson, mais ce jour-là de mars, il pleuvait aussi, avec application, sur Metz… D’ailleurs, à cette époque, il se passait rarement une journée sans que je ne pense à la COP 21, des retombées funestes de notre inconscience pour l’avenir de la planète et celle de notre descendance, ces sécheresses mortifères dont on prétendait qu’elles nous menaçaient… Plus prosaïquement, je dirais que, trempé comme une soupe et giflé par un vent mauvais, « je me les caillais »…

            Où se réfugier un dimanche, quand les magasins sont fermés et que l’on n’est pas un pilier de bar ? Comment tuer proprement les heures en attendant de récupérer mon passager ? Certainement pas dans ce hall de gare ouvert à tous les vents par la présence de pauvres hères en quête d’une pièce et stationnant devant les portes coulissantes… Tout à coup, comme souvent chez moi, un éclair de génie… Le terme paraîtra peut-être un peu fort, mais pourquoi hésiter à voir, de temps à autre, ses chevilles enfler ?… Pourquoi ne pas hanter les salles du Centre Pompidou ? Une passerelle de béton, à l’arrière de la gare, permet d’atterrir sur l’esplanade menant à ce que je nomme « la yourte » ou « Le chapiteau du cirque Pinder », appellations inspirées par la forme qu’ont donnée à ce musée Shigeru Ban et Jean de Gastines, les deux architectes en charge de l’œuvre. Ces deux-là ont probablement conçu leur projet en été  car, par deux fois déjà, en hiver, la toile a cédé sous le poids de la neige, occasionnant des fuites d’eau… La vocation de ce musée, dédié à l’Art moderne, aurait pu inspirer à des artistes la pose, sur ces pistes blanches, de silhouettes de skieurs… A quelques encablures de là, Amnéville et son fameux Snowhall, qui a mis de méchante humeur la Cour des Comptes, aurait ainsi pu  profiter d’une heureuse publicité…

            « Bonne idée ! », me dis-je. Depuis l’ouverture de ce musée dont Trigano n’aurait pas renié la forme, j’ai vu deux ou trois expos intéressantes, alors pourquoi ne pas me laisser… tenter, ce d’autant plus que la pluie et le vent redoublent d’effort. Passé le sas de sécurité, dès le hall : Oh là là ! Mais qu’est-ce donc ?… Je me retrouve dans la situation de la poule qui, devant son œuf, s’étonne : C’est quoi ce que je viens de pondre-là ? Pourquoi donc penser à la poule ? C’est parce que devant moi s’élève comme une vague, une forme semi-ovoïdale – cadeau au visiteur en vue de Pâques ? -, peut-être le Radeau de la Méduse soulevé par une mer démontée… C’est cela : Je suis médusé… Et, devant l’œuvre, comme un parquet de bal aux lames disjointes, posé à même le sol… Après avoir retrouvé mes esprits, « éparpillés façon puzzle », comme disait l’autre chez Lautner,  en y regardant de plus près et de tous côtés, l’ovni est constituée d’un ensemble conséquent de portes en bois, produits de récupération, vissées les unes aux autres… Pour ne pas nager dans des explications fumeuses plus longtemps, j’ai préféré faire la… planche. J’ai préféré positiver constatant simplement : « Y a du boulot ! », sorte d’hommage à l’artiste. J’ai même pris quelques clichés pour me convaincre ensuite que je n’avais pas rêvé.

            C’est surprenant et même parfois déroutant l’Art dit « moderne ». C’est d’ailleurs le sentiment qu’exprimaient les visages de visiteurs sans doute désireux de reproduire chez eux,  à une échelle réduite bien sûr, afin de remplir un espace vide, cette œuvre de… De qui, au juste, c’est vrai… Dans l’affolement, je n’ai pas noté le nom de l’artiste. Alors, comme légende à ma photo, j’ai choisi : « Œuvre de M. Bricolage ». Au sortir du salon du bricolage, il pleuvait toujours… Mais alors j’ai béni cette pluie qui me rafraîchissait les idées et la tête quelque peu enflammées. C’est souvent, que confronté à l’art moderne, je mesure combien je suis, en ce domaine, un béotien… Bon, il est temps pour moi de claquer… la porte.                   Hagnéré Jean-François 

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