" Je hais [ces] dimanches" TA...TA...TA...TAM...N°334

Je hais [ ces ]dimanches…  *

            Les marchands du Temple ont obtenu d’ouvrir, Le Jour du Seigneur, leurs boutiques, celles situées dans les « zones touristiques » des grandes villes. Des brebis vont s’égarer, délaisser le spirituel pour le matériel au grand dam, sans doute, des catholiques traditionalistes… Une manif ! Une manif !… Mais comment résister à l’envie de « faire les magasins » le dimanche ? Sans doute pas un rêve de smicard ou de chômeur… Enfin, puisqu’on nous assure et rassure qu’une très large majorité du personnel, sensible aux compensations annoncées – financières, récupérations –, est volontaire, le verrou peut donc sauter comme bouchon de champagne.

            Que devient la vie de famille là-dedans? Pardon, m’sieur dame, l’éducation des enfants, vous l’avez en magasin ? Pour garder les bambins il y aura peut-être la porte ouverte des grands-parents,  l’aide d’une baby-sitter et, dans un avenir proche,  le renfort de gentils robots… Quant aux plus grands, ils disposent de tous les écrans possibles : télévision avec accès à tous les programmes conseillés ou non, ordinateurs, iPad, iPod, iMachin, iTruc, iYoupi, sans oublier, pour se consoler de votre absence, les… consoles de jeu, bref, largement de quoi passer un super dimanche. On ne va tout de même pas, à cause de la marmaille, passer à côté de cette révolution culturelle, non ? D’autant plus que ce changement de mentalité est vital pour l’économie du pays. Nous tenons donc là un geste patriotique.

            D’ailleurs, les touristes sont d’accord là-dessus. Il suffit de prêter l’œil et l’oreille aux micro-trottoir. On interroge souvent sur le sujet les Chinois en goguette dans Paris ; les « rois du pétrole », pour diverses raisons, sont plus discrets sur la question. Eh bien les Chinois, pas ceux qui pataugent dans les rizières, les autres,  se disent  frustrés de trouver  portes closes ce jour-là. Et les Chinois, en matière de « révolution culturelle » sont des experts. Au temps de Mao, les enfants rééduquaient leurs parents. Bientôt, au retour d’un dimanche passé derrière un comptoir, les mômes, toujours accrochés à leur consoles de jeux,  vous mettrons au boulot…

* Je hais les dimanches, chanson de Charles Aznavour.

                                                                                              Hagnéré Jean-François (10/01/2017)