" Un passé et un présent sulfureux" TA...TA...TA...TAM...N°435

Un passé et un présent sulfureux

« Mangez au moins cinq fruits ou légumes par jour, c’est bon pour la santé… » On connaît ce refrain. Le glyphosate aussi est bon pour la santé : Il tue les microbes, les insectes, parasites ou pas, les oiseaux et, au bout de la chaîne alimentaire, l’homme. Redoutable efficacité. Enfin, bientôt, une planète propre, débarrassée de ses impuretés.  Bon, trêve d’ironie : Dans trois ans, tout devrait être nickel dans les champs, les vignobles, l’alimentation. D’ailleurs, la mort programmée du glyphosate est anticipée : La firme Monsanto, qui commercialisait cette merveille, passe sous pavillon allemand, celui de « Bayer ». Exit Monsanto, vive Bayer ! Ce qu’on appelle, en termes techniques une « tentative de blanchiment ». Chez Anatole France, on trouve ces mots qui sont toujours d’actualité : Ces maîtres de l’heure possédaient trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux… J’ajouterai une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci. Anatole France ajouta : On croit se battre pour la patrie, on se bat pour des industriels… Comment mieux dire ?

             Industriels intouchables  et « saigneurs de la guerre » ont, historiquement,  toujours fait bon ménage,  et ce en toute circonstance. Prenons le cas très intéressant de Henry Ford. Il écrit en quatre tomes Der International Jude… Cette littérature devait le rapprocher de Hitler, on s’en doute bien. L’Américain et le Nazi figurent d’ailleurs côte à côte sur une photo d’archives. L’état nazi décorera l’Américain pour « sévices » rendus à l’humanité et à l’Allemagne… Ford avait une usine à Cologne. Sous Hitler elle n’a jamais été nationalisée. Ford, fournissait l’armée allemande en matériel et véhicules de guerre. De 1940 à 1945, six mille « travailleurs forcés » ont travaillé pour lui dans cette usine. Ford, à la fin de la guerre a touché des « réparations pour dommages de guerre », ainsi que sa part des bénéfices réalisés entre 1940 et 1945… Jackpot ! D’aucuns ont été passés par les armes pour moins que ça.

            Revenons à Bayer. Cette firme s’était déjà illustrée lors de la Première guerre mondiale : Deux de ses chimistes avaient mis au point l’ypérite, le fameux gaz moutarde qu’eurent à affronter nos Poilus… Pour faire du fric tout est bon chez le Cochon. Quelques décades après, on a retrouvé des lettres adressées par la firme au camp d’Auschwitz. L’une d’elles disait : En vue d’expérimenter un soporifique – ici, appréciez l’humour noir de la formule -, vous serait-il possible de mettre à notre disposition quelques femmes et à quelles conditions ?… Exquise politesse ! Une cinquième lettre destinée au camp de la mort déplore, faux-cul et implore : Les expériences n’ont pas été concluantes, les sujets sont morts… Nous vous écrirons prochainement pour vous demander de préparer un autre lot…Nous offrons 170 marks par sujet ; nous avons besoin de 150 femmes…

            Je passe rapidement sur l’épandage chimique massif par avion dû à une  marque mondialement réputée,  sur les bananeraies du Costa-Rica, alors même que les employés, sous-payés, sont au travail… Tout est pollué, contaminé, la population dans son ensemble, les cours d’eau, la terre… Un désastre et des maladies incurables… Coîncidence : Alors que s’achève cette réflexion, un titre du journal Le Monde, daté du 7 juin 2018, m’alerte : Les Antilles empoisonnées pour des siècles… Suit : La quasi-totalité des Gadeloupéens et des Martiniquais sont contaminés par le Chlodécone, un pesticide ultra sophistiqué utilisé entre 1972 et 1993 dans les bannaneraies. Un scandale unique au monde… Des sous-titres à l’article : Record de cancers de la prostate… «  Une affaire de gros sous »…            Et après avoir lu ça, vous voulez avoir encore  la banane ?…                    

                                                                                        Hagnéré Jean-François ( 10/06/2018)