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Notes discordantes sur l'époque
26 juillet 2018

" La balle au prisonnier" TA...TA..TA...TAM... N°440

La balle au prisonnier

 

            Dimanche matin, 15 juillet 2018, les footballeurs français vont, quelque part en Russie, là où a échoué Napoléon, tenter de gagner la « Coupe du Monde de football »… Branle-bas de combat, si ce n’est de coups bas… Pour le moment, je suis zen. Pas comme en 1998 quand, alors que la France menait au score devant le Brésil, je m’en fus, sous l’œil effaré de mon épouse, tel le président de la République, Paul Deschanel sortant, lors d’un arrêt impromptu, du train en pyjama, faire, dans la même tenue, pour « passer mes nerfs », un tour du pâté de maisons…Aucun espion en vue : Tout le monde les yeux rivés à l’écran télé. Surpris, j’aurais été mûr pour l’asile… Les années ont passé : je suis devenu philosophe, mais vraiment, pas comme lors de ma dernière année de lycée où je n’étais, dans le genre, qu’arpète.

             Ce qui brusquement me ramène à cette période de ma vie, c’est cette remarque de Mme Cécile Coulon, dénichée dans Le Monde : «  Peut-être qu’en France on a tendance depuis très longtemps à mettre d’un côté les intellectuels et de l’autre les sportifs. » À cette lecture la machine à remonter le temps s’est enclenchée…

            Nous débarquons dans les années 1960. Je suis en classe de philosophie. J’aime le sport, qu’il soit individuel ou collectif. Dans ce domaine, je suis comme les scouts : « Toujours prêt ! » J’ai été sélectionné pour faire partie de l’équipe de football qui représentera le lycée lors des joutes académiques. En fait des gars de « Sciences Ex » et « Math Élem » * forment le gros du bataillon.

            Lors d’un cours d’ « Éducation physique », le prof, pour changer de l’ordinaire, propose un « petit match » de football. « Excellente idée ! », me dis-je. Cette annonce jette comme un froid dans les rangs des « philosophes », purs esprits dont bon nombre  ne supposent pas un seul instant que le bonheur et la joie de vivre puissent passer de l’un à l’autre par l’intermédiaire d’un vulgaire ballon. Le « poète » du lot, qui revend ses oeuvres absconses pour une piécette  lors des récréations, le futur Prix Nobel de Littérature, donc, prend la tête de la rébellion… Il réunit autour de lui quelques disciples pour sans doute préparer un coup foireux…

            Les «  philosophes » et leur entraîneur prennent le chemin du stade. Deux équipes sont constituées tant bien que mal. Avant le coup de sifflet d’envoi du match, le poète réunit autour de lui ses fans qui pourtant appartiennent à l’une comme à l’autre équipe… Ça    se gondole ferme… Voilà, balle au centre, c’est parti !… Que l’on croit… La balle circule, pas longtemps… Dès qu’elle est dans les pieds d’un joueur, celui-ci est vite encerclé par la bande des dissidents qui lui interdisent ainsi toute passe à un coéquipier… Intervention de l’arbitre… Mais à chaque fois que la balle est remise en jeu, le même scénario se reproduit… On joue en fait à « la balle au prisonnier » et à lui seul… Autour de lui Socrate, Aristote, Platon Épicure et compagnie font bonne garde en rigolant… Aucune passe n'étant  possible, c’est l’impasse… Les plus courtes étant tout de même les meilleures, l’arbitre, furax, siffle la fin de la « non-partie »… Il a vite compris qu’avec cette bande de trouble-fête, il allait passer à côté de son but… éducatif. Faute de pouvoir leur muscler le cerveau, il décide de leur muscler le corps, qu’ils aient au moins un esprit malsain dans un corps sain… Séances de pompes pour tous ! Mais au final, les « philosophes » gagnèrent : il ne fut plus jamais question de séance de football. Je précise que les parents de  Socrate, le meneur de la fronde, étaient propriétaires d’une prestigieuse pâtisserie dans une ville cossue de la Côte d’Opale… En tout cas le fiston, lui, c’était pas de la tarte….                                                                                                                       

                                                                                                      Hagnéré Jean-François (15/07/2018)

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