" A propos d'un départ..." TA... TA... TA... TAM... N° 81

A propos d’un départ consenti ou forcé

            On pouvait ne pas toujours partager à 100 p. cent les idées véhiculées par les articles de M. Hervé Kempf, parce que l’on est, entre autres hypothèses possibles,  un écologiste tendance tiède, mais il est indéniable que, quelle que soit la raison du départ d’un pareil talent, cette  plume qui  s’envole des pages du Monde représentera, pour nombre de lecteurs, une perte considérable.

Le journaliste, comme tout citoyen un tantinet idéaliste, ne jouit pas toujours de la liberté d’expression qu’il croit parfois être la sienne. Pour lui, la ligne rédactionnelle, l’impact publicitaire sur la bonne marche de l’entreprise, l’avis des actionnaires et autres paramètres, deviennent alors, autant  de chicanes à éviter au moment d’exprimer des idées personnelles.

Mme Françoise Giroud, experte en « diplomatie », avait parfaitement résumé, en quelques lignes, la difficile condition du journaliste : « Journaliste, je dépends de ceux qui possèdent les journaux [ … ] Le joug est léger, plus léger certainement qu’en pays non capitaliste [ …] Attendre des représentants du capital qu’ils vous fournissent des armes  - c’est-à-dire en l’occurrence des journaux – pour s’élever contre une forme de société qui leur convient, et une morale qui est la leur, cela porte un nom : l’imbécillité. Mais la plupart de ceux qui travaillent dans les grands journaux sont, en gros, d’accord avec cette société et cette morale. Ils ne sont pas achetés : ils sont acquis, la nuance est importante.

Ceux qui ne le sont pas, peuvent, en théorie, créer d’autres organes pour exprimer leurs vues.

En pratique, les fonds nécessaires à la création d’une telle entreprise ne se trouvent pas dans les poches des révolutionnaires. » *

Je traduis l’experte : Si tu n'es pas  content, tu dégages, tu vas te faire voir ailleurs, si pour toi il y a ailleurs possible. Le plus important dans la lecture d’un journal se tient entre les lignes… Pour survivre il faut, dans nombre de milieux, avoir une morale à géométrie parfois variable. Chacun pour soi et Dieu pour personne…

                                                                                                          Hagnéré Jean-François

                                                                                                               (08/09/2013)

* Histoire d’une femme libre – Françoise Giroud. Cet extrait, M. Kempf aurait pu le lire dans un  « Monde des livres », où je l’ai retrouvé.