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Notes discordantes sur l'époque
10 février 2014

" Sortie de route tragique : un mort !" TA...TA...TA...TAM N°129

 

 

 

Sortie de route… tragique : un mort (1)

 

            Fin des années 1960, début des années 1970, François Cavanna   donnait du fil à retordre aux idées reçues et du grain à moudre aux jeunes désireux d’en découdre avec un passé qui n’augurait rien de bien folichon pour leur avenir.  Cet autodidacte, de père italien immigré, curieux de tout, épaulé par le fameux professeur Choron et  entouré de potes plus jeunes que lui mais du même acabit, ouvrait la route à coups de bâtons de dynamite, montrant la voie à suivre vers plus de liberté de penser… C’était Broadway !, comme le clamait Reiser… (2)

C’est  ce « Rital » au visage carré, volontaire, la chevelure abondante, les bacchantes en bataille,  qui incarnait le mieux l’esprit Gaulois, frondeur, chatouilleux, révolté, indigné avant l’heure H(esse), un mélange d’Astérix et de Vercingétorix tel qu’on se plaisait  à l’imaginer, titillant le César  galonné ** du moment. Curieux de tout, anar, pas maître à penser pour un sou, il soulevait l’enthousiasme d’un lectorat qui, selon Wolinski, (2)  ne « voulait pas mourir idiot ». Coluche, (3) autre enfant d’immigré italien, doit beaucoup à Cavanna, tous deux balançant entre Guignol, bastonnant les institutions,  et abbé Pierre ( 4) carburant à l’hostie… Ce mécréant respectait et défendait la langue française, mieux que ne savent le faire nos hommes politiques. Il lui fit de beaux enfants  dont les plus fameux sont  Les Ritals  et les Russkoffs

 Cavanna, c’était un cas rare, qui ne laissait, qu’on soit  pour ou contre, personne de… marbre, un cœur sensible, un humaniste qui lançait ses pavés sur le papier… Toujours sur sa lancée, il vient de faire une sortie de route en tré-passant son col du fémur… Te dire Adieu, François, serait te vexer, toi qui avait revu et corrigé les Saintes écritures… Alors disons simplement : Au revoir ! … Enfin, si seulement, si l’Etre ne s’abîmait pas dans le Néant…

 

                                                                           Hagnéré Jean-François

                                                                               (31/01/2014)

(1)            Allusion à la célèbre couverture, chant du cygne deHara-Liri hebdo : Bal tragique à Colombey : un mort. Un jour de 1970, en transit vers l’Est, près de la gare éponyme, je me dirigeai vers un kiosque à journaux : « Hara-Kiri hebdo », s’il vous plaît !… ». La vendeuse, se penchant vers moi, sur un ton de conspirateur : « Il est interdit à la vente Monsieur… » Puis : «  Vous en voulez un quand même ?… » Evidemment… Elle tira un exemplaire de dessous une autre pile de journaux. J’emportai la précieuse et délictueuse bombe et, à l’abri des regards, découvrit le titre : Bal tragique à Colombey : un mort… Alors là, c’était très fort ! J’ai malheureusement perdu cet exemplaire historique lors de déménagements…

**               Général de brigade, donc deux étoiles, excusez du peu !…

(2)            Reiser et Wolinski, humoristes décapants.

(3)            Coluche, humoriste, tout à fait dans l’esprit de Hara-Kiri et Charlie hebdo.

(4)            Héros de l’hiver 1954, créateur d’Emmaüs.

       

 

                                                                  Extrait de Kaléidoscope ou Une egothérapie

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