" Micros... Méga problèmes " TA...TA...TA...TAM...N°204

Micros… Méga problèmes

            Dans le milieu médiatique, le tir aux pigeons est devenu un sport. Lors d’interviews, vous ciblez bien votre victime et, au détour d’une conversation d’apparence amicale, vous refermez le piège sur elle en escomptant de l’opération un retentissement maximum. Plus la cible est politiquement importante, plus le trophée aura de valeur, et plus grand sera l’écho de votre  reportage. Demander à un ministre le prix de la baguette chez le boulanger ou celui du ticket de métro est devenu un classique du genre. Cette fois, c’est Maïtena Biraben, officiant sur Canal +, qui s’est mise à l’affût, cueillant comme une fleur la ministre de la Culture, Mme Pellerin. Cette dernière  se souvenait-elle d’un titre de roman de notre prix Nobel de littérature, Patrick Modiano ?… Fleur a séché : elle n’a lu aucun livre de cet écrivain. Grand bruit dans le Landerneau médiatique : Twit, twit again, SMS, Hashtag, réseaux sociaux, bonnet d’âne pour la ministre…

            Comme si la ministre avait le temps de potasser, par les temps qui courent à notre perte,  les romans de Patrick qui, depuis le Nobel, est devenu, à l’égal de Bruel, Patriiiiiiiick ! Si Mme la ministre de la Culture doit être au fait de tous les arts, autant nommer au poste une Encyclopédie. Serait-ce si étonnant que la littérature d’essence romanesque ne soit pas du goût de Mme Pellerin ? Pour avoir apprécié sur le tard la prose et  la démarche littéraire de M. Modiano, je dois quand même avouer que l’attribution de ce prix prestigieux  fut pour moi - comme pour son auteur à moins qu’il ne jouât alors la modestie - une surprise. Et sur des millions de lecteurs français potentiels combien sont-ils à avoir succombé au charme de sa plume ? Combien d’autres prix Nobel, d’origine étrangère, ont-ils connu un succès de librairie chez nous ? Poser pareille question à Fleur Pellerin, au cours d’émissions dont la culture n’est souvent qu’un vernis dérisoire, c’est le… bouquet. Mais, malheureusement, en politique, c’est une tendance de plus en plus marquée, il convient de paraître – dans les médias – pour être. Pourquoi pas ne pas préférer le silence à l’apparence ? Faire des fleurs à certains ne paie pas… S’approcher des micros c’est parfois s’attirer de méga problèmes d’image…

                                                                                                           Hagnéré Jean-François

                                                                                                             ( 28/10/2014 )